On est nombreux à être accros à notre téléphone – et à avoir du mal à le lâcher. Mais The Offline Club, lui, y arrive très bien. Ce concept unique organise des soirées chaleureuses 100 % sans téléphone. Chez Juttu, on est conquis, et on les a donc invités pour la toute première fois en Belgique.
Ilya Kneppelhout: « Nous sommes trois amis d’Amsterdam : Jordy, Valentijn et moi. L’idée de rassembler les gens loin du monde numérique nous est venue après une expérience personnelle. Jordy et moi avons décidé, chacun de notre côté, de passer quelques jours offline. J’ai loué une petite maison dans la nature, avec une pile de livres et de BD – rien d’autre. Tout ce qui comptait vraiment pour moi, tout ce à quoi je voulais consacrer plus de temps, je pouvais enfin le faire en toute tranquillité. Et c’était dingue. J’ai eu plus de place pour mes propres pensées, des souvenirs me sont revenus, j’ai pu réfléchir à la suite de ma vie… Je me suis senti reconnecté à moi-même. Et je me suis dit : “ Wow, si ça me fait autant de bien, je suis sûr que ça peut aider d’autres gens aussi. ” »
« Lire, dessiner, faire un puzzle, rencontrer d’autres personnes ou simplement se détendre : sans téléphone, tout devient possible. »
« Tout le monde s’y reconnaît un peu : la malédiction du smartphone. Après notre première expérience, on a organisé un week-end test – qu’on appelait à l’époque le Leesweekend (week-end de lecture), et qu’on nomme aujourd’hui Digital Detox Retreat. On est partis à dix. L’idée était simple : tout couper pour retrouver le temps de vivre autrement. Il n’y a pas de programme imposé, chacun fait ce dont il ou elle a besoin. Le succès de ce premier week-end nous a poussés à aller plus loin : proposer d’autres retraites, mais aussi des événements plus courts. »
« C’était fou : la vidéo de l’événement a été vue des millions de fois. On est passés de zéro à un demi-million d’abonnés en un rien de temps. On a reçu des messages du monde entier : “ Quand est-ce que vous venez chez nous ? ” C’est là qu’on a décidé de voir plus grand. On s’est tous consacrés à 100 % à The Offline Club. Notre mission ? Créer un réseau mondial de communautés offline pour réactiver le lien social. On veut que les lieux sans téléphone deviennent aussi normaux que les lieux sans tabac. »
« On veut que les lieux sans téléphone deviennent aussi normaux que les lieux sans tabac. »
« Cela reste un processus. Cela dit, on gère notre temps de manière très consciente. Rien que la semaine dernière, je suis resté cinq jours entièrement offline. J’ai aussi mis en place plusieurs règles qui m’aident à garder le cap : pas de notifications, pas de réseaux sociaux sur mon téléphone, et plus de téléphone dans la chambre. Ce que j’ai trouvé le plus difficile ? Gérer notre page Instagram. C’est moi qui m’en occupe, et pendant un temps, j’ai ressenti beaucoup de pression avec tous ces abonnés. Tu ne veux pas les décevoir, forcément. Aujourd’hui, j’ai trouvé un équilibre qui fonctionne pour moi. »
« On mise sur une ambiance de salon ultra cosy, loin des écrans et des notifications. La soirée commence par une heure de silence, avec un fond musical doux. Tu fais ce que tu veux pendant ce moment de calme : lire, dessiner, tricoter, peindre, faire un puzzle… Une personne est même déjà venue avec sa boîte de Lego. Ensuite, place à la connexion humaine. Pas en ligne, mais en vrai. Tu peux discuter, faire un jeu de société ou simplement rencontrer de nouvelles personnes. »
« Les gens nous disent sans arrêt qu’ils se rendent alors seulement compte à quel point ils sont accros. Ou à quel point ça fait du bien de ne pas être happé par les distractions numériques — ne serait-ce qu’une heure. Et comme c’est finalement facile d’engager la conversation avec un·e inconnu·e. Un garçon nous a même dit : “ Vous m’avez sauvé de la solitude. ” Évidemment, il y a aussi des commentaires négatifs, voire des messages de haine. “ Typique des gens qui n’ont pas d’amis ” — celle-là, on la connaît par cœur. On ne les lit même plus. À vrai dire, ce genre de comportement aigri sur les réseaux ne fait que renforcer notre envie de continuer ce qu’on fait. »